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ENTRETIEN DU MOIS : NATHALIE GRIGORIEFF GODIN

Juin 2024 | Interview de Nathalie Grigorieff Godin, trésorière du SCRP et co-pilote de la commission Etudes Annuelles sur les résultats de nos études..

  • Analyse du marché | Après deux années de forte croissance (+4% des honoraires en 2022, +16% en 2021), le secteur présente en 2023 des résultats modestes. Comment l’analysez-vous ? 

Il suffit de regarder les performances de l’économie française pour comprendre.
En moyenne sur l’année 2023, le PIB a augmenté de 0,9 % (après +2,5 % en 2022 et +6,4 en 2021). Ce n’est pas fou fou, et d’après les dernières projections macroéconomiques de la Banque de France de juin 2024, la croissance en France s’établirait en moyenne annuelle à 0,8 % en 2024. Il faut donc voir le verre à moitié plein et, alors que l’année précédente le marché du conseil en relations publics se démarquait de l’économie française par sa forte croissance, il se stabilise en 2023.
LA bonne nouvelle, c’est que la croissance est au rendez-vous pour 58% de nos agences conseil en relations publics, dont 38% avec une croissance significative de plus de 5%.
Je trouve que c’est plutôt une belle performance dans le contexte actuel !

  • Augmentation de la part des relations médias |On observe une forte augmentation (+11 points) de la part des relations médias dans l’offre PR globale. En effet les relations médias passent de 39% en 2022 à 50% des expertises vendues en 2023. Comment l’expliquez-vous ? 

On note en effet une certaine concentration sur les expertises cœur de métier. C’est surtout chez les petites agences (de moins d’un million d’honoraires) chez qui le retour des relations médias a été le plus marqué avec une hausse moyenne de 24 pts.
Je me dis toujours que le marché est à l’image de l’offre et de la demande.
Peut-être qu’en ces périodes de moindre croissance les annonceurs se recentrent sur les relations médias et/ou que les plus petites agences se sont concentrées sur leur cœur de métier (+ 24 points / à l’an passé).
C’est un peu comme une carte de restaurant. Mieux vaut une carte resserrée avec l’assurance d’avoir des produits frais qu’une carte longue comme le bras dont la promesse ne peut pas toujours être au rendez-vous !

  • Défis du secteur| Quels étaient selon vous les 3 principaux défis que les agences conseil en relations publics ont dû surmonter cette année ? 

Pour moi les principaux défis restent liés aux ressources humaines.
Économiquement, il est compliqué d’avoir une croissance flat et une masse salariale en hausse de 4 points. Même si le marché de l’emploi semble moins tendu, ce qui est une bonne nouvelle, il n’en reste pas moins que certains recrutements ont pu coûter cher avec une équation profil/compétences/salaires pas toujours équilibrée.
Un autre défi reste celui de la formation. Nous nous devons de former nos équipes, de les faire monter en compétence. Ce dernier point est lié à la fidélisation des équipes. Un de nos principaux challenges.

  • Un investissement dans les ressources humaines | Même si les recrutements semblent ralentir, les agences continuent d’investir dans leurs équipes : la masse salariale est en croissance de 4%, la rémunération au global a été revalorisée de 6% en moyenne et la part dédiée aux formations a presque doublé entre 2022 et 2023 (passant de de 2,13% à 4,13% de la masse salariale). Comment analysez-vous ces données ? 

Je viens d’en parler. Si la masse salariale est en hausse avec moins de recrutements, c’est que les salaires ont été augmentés. La formation est, quant à elle, un moindre investissement pour conserver des équipes au top et motivées.  Cela est plus valorisant et moins épuisant que de recruter sans arrêt pour combler des départs. Ce qui me préoccupe davantage ce sont les recrutements en recul car cela signifie moins de business.

  • Une intégration des IAG semblent en marche | 78% des agences déclarent avoir recours aux intelligences artificielles génératives pour les assister dans la rédaction de contenu, 46% pour les créations graphiques et 43% comme support à l’élaboration stratégique. Selon-vous, quels sont les enjeux de l’intégration de ces nouvelles technologies, notamment en termes de compétitivité ?  

Pour être honnête, je ne sais pas. Je me méfie des effets de modes, des grands sujets sur lesquels tout le monde a un avis sans être spécialiste (un peu comme la sélection des joueurs de l’équipe de France de foot ou le Covid en son temps !). Il est clair que les IAG ont fait leur entrée en fanfare dans nos métiers. Si ces systèmes d’IAG peuvent remplacer les tâches fastidieuses et laisser un travail plus stratégique et significatif à nos collaborateurs humains alors tant mieux ! Ce qui m’étonne le plus dans ces chiffres se sont les 22 % qui déclarent ne pas y avoir recours … Mensonge ou vérité ?

  • Utilité de l’étude | Quelle utilité voyez-vous à cette étude ? Comment utilisez-vous ces données pour le pilotage de votre agence ?  

Cette étude est très utile. Elle donne de vrais indicateurs au niveau du business, des rémunérations notamment. Chaque syndicat professionnel ou fédération se doit de connaitre son marché et de fournir des chiffres à ses adhérents.
Je trouve que la partie Observatoire social est la plus intéressante. Elle nous permet aussi de « chasser en meute » et d’afficher face au service achats notamment des référentiels marché communs liés au taux jours, temps femme/homme etc.
C’est je pense une de grandes forces de notre syndicat et cela devrait inciter encore plus d’agences à nous rejoindre, rien que pour ça (mais pas que bien sûr 😉).